Tu le sais, les vrais sujets géostratégiques m'intéressent d'abord plutôt que de verser dans la politicaillerie de bas étage ... on le sait bien que ce sera Gabriel Attal !
Or, il y a quelques heures, j'ai vu passer dans un commentaire sur le réseau papillon au ciel bleu qui mettait en balance le fait qu'Albator avait suscité davantage d'adhésion que le Capitaine Flam. Plus fort que l'éternelle rivalité pain au chocolat / chocolatine, il y a là bien un sujet dont il faut s'emparer en ce début d'année.
Albator ou Capitaine Flam ? Tu verses à gauche ou à droite ? L'un est plus queer que l'autre ? La profondeur du récit est-elle plus dark chez le cheveulu à cape noire que chez le rouquin flanqué d'un malabar et d'un robot qui a la voix de Cher ? Le dilemme est total est fracture toute une génération ... le mieux étant de répondre à cette question par "Moi, j'adore Goldorak".
Et pourtant, la chose ne sort pas de nulle part. Précisément, alors que le personnage a fêté ses 43 bougies, il a été diffusé pour la première fois en France sur TF1 le 7 janvier 1984 ... le Capitaine Flam est donc arrivé il y a tout pile 40 ans. Et rien que pour ça, ça vaut le coup de remettre une pièce dans la machine.
En 2977, la population terrienne nage dans l’opulence : les terriens ont envoyé des robots automatisés qui exploitent les ressources d'autres planètes ; tout ce qui est récolté est distribué gratuitement à la population. Par le truchement de l' " abrutisseur mondio-visuel", les dirigeants de la Terre bloquent les réflexions critiques de leur population, qui est maintenant un peuple asservi. Dénué de tout pouvoir de pensée, ceux-ci se croient heureux.
Pourtant, une mystérieuse sphère noire, recouverte de glyphes inconnus (des idéogrammes mayas), arrive un jour sur Terre et s'y écrase. Alors que le gouvernement mondial se montre incapable de réagir, une menace extraterrestre se concrétise peu après via les Sylvidres, un peuple extraterrestre de femmes guerrières, longilignes et au teint verdâtre. Mais leurs forfaits sur Terre sont attribuées à un terrien, le capitaine Albator et à ses pirates de l'espace. Pourtant, seul parmi les humains, Albator comprend la menace des Sylvidres et décide de les combattre.
Pour sa part, le Capitaine Flam, de son vrai nom Curtis Newton est le fils de William et Elaine Newton, deux scientifiques qui travaillent dans une station spatiale en orbite autour de la Lune. Avec le professeur Simon Wright (qui meurt prématurément, son cerveau étant ensuite implanté dans un mini robot volant nommé "professeur Simon"), ils conçoivent le robot humanoïde Crag ainsi que Mala, un androïde à l'aspect humain pouvant changer d'apparence grâce aux avancées de la biologie moléculaire. Au cours d'une attaque, la station spatiale est détruite. Le père meurt et sa mère, sur son lit de mort, demande que son nouveau-né Curtis consacre sa vie à préserver la paix et l'ordre dans l'univers. L'enfant est ensuite éduqué par les trois compagnons rescapés de ses parents et, à dix-huit ans, Curtis Newton décide de dédier son existence à la lutte contre le mal. Il prend alors le pseudonyme de "Capitaine Flam" et s’engage dans des missions pour le compte du gouvernement intersidéral en se servant de sa vaste éducation, notamment ses brillantes compétences scientifiques, pour triompher des missions périlleuses qu'on lui confie, parcourant l'espace à bord du CyberLab, son vaisseau spatial sophistiqué.
Voilà pour les deux bases scénaristiques. Déjà, on voit bien que l'on ne part pas de la même chose, le trauma est plus fort chez Flam que chez Albator. Ensuite, il faut aussi que tu compares l'équipage : chez Flam, c'est du Star Wars un peu low-cost avec Joane qui n'en peut plus d'être bébête. Chez Albator, c'est un peu n'importe quoi aussi pour laisser la part belle au héros : Nausicaa la blonde, Clio/Mima aux cheveux bleus, Machi le mécano
Niveau personnalité, là aussi, rien n'est très comparable.
Albator est un personnage longiligne, élégant et d'aspect un peu fragile. Il a perdu un œil lors d'un combat contre les humanoïdes et porte de ce fait un bandeau avec une balafre au visage. Son costume est noir, avec un pantalon blanc dans les premiers temps mais dès "Albator 84" et dans la plupart de ses apparitions, il est tout de noir vêtu. Il porte un sabre muni d'un canon laser, ainsi qu'un "cosmodragoon", un pistolet spécial dont il n'existe que quelques exemplaires dans l'univers ... évidemment. Albator est déterminé, implacable et semble sans pitié mais sa vie est dictée par un code d'honneur comme tous les pirates, et il fait souvent preuve de compassion. Intelligent, idéaliste, cultivé et courageux, son sens logique, sa bravoure et son esprit pratique font de lui un capitaine respecté par ses hommes d'équipage et craint par ses ennemis. C'est l'archétype du héros romantique, un chevalier se battant pour faire respecter ses convictions et sauver des causes perdues. Cette détermination l'amène à s'opposer au gouvernement, et les humanoïdes lui attribuent le code S00999 dans leur liste de personnes dissidentes.
Du côté du Capitaine Flam, on observe un tempérament calme et réfléchi, il sauve évidemment l'humanité par son intelligence et son courage ainsi que sa détermination. Tout cela ne vient pas de nulle part, de telles qualités lui viennent de sa jeunesse grâve à ses acolytes Mala, Crag et le Professeur Simon, avec qui il vit depuis les décès de son père et de sa mère. Au cours de la série, il se rapprochera de plus en plus de Johann qui deviendra sa petite amie. Ken, qu'il rencontre au début de la série, devient petit à petit un fils pour lui. Enfin, le Capitaine Flam tient toujours sa parole [il nous bassine un peu à le rappeler directement ou indirectement] et ne tue jamais personne.
Et donc ?
Bah moi, je suis Capitaine Flam. Parce qu'en fait, choisir entre les deux, c'est aussi choisir entre Eric Charden et Jean-Jacques Debout, le premier ayant composé le générique d'Albator, le second celui du Capitaine Flam. Et puis, franchement, le méchant du Capitaine Flam est bien plus amusant : l'Empereur de l'Espace. Tu noteras d'ailleurs que la VF de Capitaine Flam est plus reluisante avec un Dominique Paturel qui énonce le fameux prologue : "Au fin fond de l'Univers, à des années et des années-lumière de la Terre, veille celui que le gouvernement intersidéral appelle quand il n'est plus capable de trouver une solution à ses problèmes, quand il ne reste plus aucun espoir : le Capitaine Flam !". Pour Albator, c'est autre chose même si le générique d'Albator 84 est redoutablement efficace.
A choisir donc, je file dans le Cyberlab pour écouter les musiques jazzy et disco que je ne trouverais pas sur l'Arcadia [oui, tu noteras que le nom du vaisseau d'Albator estr celui du pays souterrain des "Mondes engloutis"] où l'ambiance est toute autant crépusculaire mais plus lugubre. En plus, mon petit doigt me dit toujours que le Capitaine Flam n'a jamais été autant hétérosexuel qu'on a bien voulu nous le dire ...
Tto, qui va recommencer Capitaine Flam quand il aura fini Goldorak [encore !]