On sait déjà que Donald Trump est fantastique, fin, délicat ... l'élégance incarnée. Surtout, la pondération ... ah ça, la pondération c'est la valeur cardinale de Donald !
Et ce lundi, tu vas apprendre qu'il en est une autre de valeur cardinale : à côté de la pondération, ne voila-t-il pas qu'il faut recenser ce que l'on appelle communément la ... ponctuation.
Parce qu'en fait, si Truman avait fait une campagne redoutablement efficace en faisant campagne dans énormément de petite villes ou si Kennedy avait privilégié pour la première fois la publicité télévisée, le moins que l'on puisse dire est que Donald Trump a donné à Twitter le statut de canal médiatique privilégié pour assurer le maximum de retentissement à ses moindres faits et gestes. Plutôt astucieux puisque cela lui a valu une publicité gratuite de la part de la presse et des news-channels qui ont amplifié le buzz à chaque occasion. Forcément ... on parle alors davantage de lui, il imprime le débat politique des thèmes qu'il choisit de mettre en avant et sur lesquels il est à l'aise et le challenger se transforme inéluctablement en prescripteur, voire en menace alors que sur le papier Hillary Clinton avait course gagnée.
Mais ... si on y regarde bien, n'y aurait-il pas là une matière [assez inépuisable, tant l'homme d'affaires déraille et s'estime prolixe] qu'il faille analyser de plus près ...
Du 5 novembre au 2 juin, Donald Trump a écrit plus de 3.000 tweets.
Et pour que les choses soient claires, le site FiveThirtyEight a choisi de ne se concentrer que sur les tweets écrits par Donald Trump lui-même et non les retweets.
A l'analyse, il y a quelque chose d'assez hallucinant : Donald Trump parle autant de ses inimitiés que de son programme, s'exprime plus en détracteur qu'en candidat : en gros, il troll plus qu'il n'explique ce qu'il pense. Ses adversaires dans le camp républicain en savent quelque chose ... ils s'en sont pris plein les gencives dont ils peine encore à aller ramasser les restes plusieurs kilomètres plus loin. Rubi, Cruz comme Bush ont été laminés par un Trump décomplexé qui n'avait donc, pour seule stratégie, que de se défouler pour se démarquer. Le pire ? C'est que ça a marché !
Il attaque les Républicains dans 16% de ses tweets, les médias dans 11% de ses publications, les femmes dans 3% de ses messages et évidemment le camp adverse. Mais ce qui est particulièrement surprenant, c'est que cette stratégie n'est pas corroborée par son camp : les fidèles de Trump retweetent en majorité ses prises de positions politiques (25%) et ses attaques contre le camp adverse (12%) !! De l'embarras ou alors la volonté farouche de donner un peu de consistance au vacarme entretenu par le magnat de l'immobilier new-yorkais ?
Et surtout, le tweet de Trump qui a été le plus retweeté, c'est celui du "cinco de mayo" par lequel il lançait un fameux "I love Hispanics" !
Mais l'analyse de cette littérature infiniment savoureuse permet de remarquer aussi que dans l'utilisation de la sulfateuse contre ses adversaires, Trump agit avec méthode ...
A chaque fois que l'un est tombé, Trump a changé de cible.
Mais le plus singulier et qui fait l'intérêt de ce fact-checking, c'est de comprendre comment se traduit l'excitation quasi universelle de Donald Trump ... Et pour cela, si on comptait le nombre de points d'exclamation des tweets ? Et là ... c'est monumental ...
Ça l'est d'autant plus quand tu compares l'activité de Donald avec celle de Ted Cruz, Hillary Clinton ou encore Bernie Sanders.
Les chiffres sont ahurissants : 70% des tweets de Donald Trump ont au moins un point d'exclamation, ce qui confine au tic de langage. En comparaison, on atteint 30% chez Cruz, 10% chez Sanders et seulement 7% chez Clinton. On ne peut évidemment pas juger de la pondération de quelqu'un sur cette seule base, mais c'est assez troublant. Que 30% des tweets de Donald Trump n'utilisent pas le "!" alors que Clinton attint 93% de ses publications ... ce n'est plus un fossé, c'est une faille. Tu noteras même que 0,1% des messages de Trump arrivent à contenir quatre points d'exclamation !
Je te rappelle que le point d'exclamation sert à manifester soit une véritable exclamation, soit un ordre, soit un fait remarquable, la surprise, l'exaspération ou l'admiration. Tu feras ton choix dans ce que tu penses être susceptible d'animer Donald Trump ...
Tto, exclamatif