C’était devenu une habitude : tous les examens de santé que j’ai l’habitude de passer se révèlent négatifs. Et avec le temps, je m’y étais fait.
Certes, j’avais toujours un petit pincement lorsque je faisais régulièrement un dépistage HIV en me disant que ce serait bien un coup du sort si je devais être positif compte tenu des précautions que je prenais.
Même les analyses sanguines ne révélaient pas grand-chose : pas de diabète, pas de cholestérol malgré une alimentation surchargée en graisses et sucres … Vraiment, j’étais très déprimant pour les laboratoires pharmaceutiques et les médecins qui ne voyaient aucun relief dans ce patient à la normalité assommante.
Le charme a cessé en 2016, qu’on se le dise.
Parce que j’éprouve depuis plusieurs mois des douleurs lombaires et autres de plus en plus prononcées, on m’a demandé de creuser en faisant des analyses sanguines complémentaires juste histoire de voir s’il n’y aurait pas un truc là-dessous qui puisse expliquer tout cela autrement que par de lancinantes et fatigantes explications se limitant au stress. Sauf que « il faut lâcher prise » ou « prenez du recul », c’est bien gentil mais quand bien même on y arriverait, ça ne change pas grand-chose. Donc, j’ai saisi la balle au bond du praticien qui voulait juste s’assurer d’un truc …
Le code est super simple : HLA-B27. Limite, tu as l’impression d’être revenu dans un vieux James Bond de la Guerre Froide avec une nomenclature de plans de missiles balistiques … En fait non, l'antigène HLA-B27 (HLA pour Human Leucocyte Antigen B27) est un antigène de surface de classe I sur le chromosome 6. Sa fréquence dans la population générale varie de 8 % chez les caucasiens à 0,5 à 1 % chez les japonais. Sa présence est associée à un certain nombre de maladies auto-immunes, comme la spondylarthrite ankylosante, ce qui signifie qu'un individu porteur du HLA-B27 a significativement plus de risque de développer ces maladies qu'un autre individu.
Bon bah voilà, je suis positif ! Je fais partie des 8% de caucasiens qui sont porteurs de ce truc là. A l’instar de mon père qui développe déjà une spondylarthrite ankylosante, j’ai hérité génétiquement de ce machin. Donc potentiellement, il se pourrait que je développe la spondylarthrite ankylosante. Mais qu’est ce que c’est que ce machin ? La spondylarthrite ankylosante est une inflammation chronique des articulations qui se manifeste par des poussées douloureuses entrecoupées d’accalmies. Elle peut parfois évoluer vers un enraidissement des articulations touchées. La spondylarthrite ankylosante débute par une inflammation aiguë de l’enthèse (enthésite), la partie de l’os où s’insèrent les tendons, ligaments et capsules (enveloppes entourant les articulations). Cette inflammation se résorbe en laissant une cicatrice constituée de tissus fibreux, qui va s'ossifier petit à petit. Cette ossification, visible à la radiographie, est nommée "enthésophyte".
Donc voilà, le déambulateur ou le fauteuil n’est pas nécessairement pour demain et il n’est pas certain que j’ai déjà commencé à développer cette maladie, mais là le programme de radios s’intensifie justement pour qu’on regarde bien où l’on en est. Les kinés et ostéopathes vont devenir mes amis pour la vie.
Te dire que je m'en fous ? J'en suis incapable.
Mon père, qui est atteint de la même chose, a tenté de relativiser en me disant : "Tu sais, ça va. On vit avec ..." Précisément, c'est ce "avec" qui me gène mais je n'ai pas le choix.
Tto, ankylosé à petite dose désormais