Je te parlais ici de mon coup de Trafalgar à l'endroit d'une planche pourrie parmi les plus belles planches pourries. Depuis la publication de ce billet, tu imagines bien que je m'en donne à coeur joie pour ficeler comme il se doit mon affreux plan, machiavélique à souhait. C'est même presque au delà de mes propres espérances ...
Elle ne parlait plus depuis plus de deux ans, évitait de me dire bonjour à toutes occasions, regardait ses chaussures dès qu'elle apercevait ma silhouette ... et là, c'est totalement l'inverse : c'est l'avantage avec les gens qui n'ont aucune consistance ni même aucun caractère [qu'ils masquent par une absence d'éducation assez flagrante], ils se retournent comme des crêpes.
Passée la réunion dont je parlais la dernière fois, nous sommes passés de la banquise de l'Antarctique aux chaudes steppes du Sénégal puisqu'elle ne tarit plus d'éloges assez vibrants à mon égard, dans tous les couloirs ou à toutes occasions sur tous les sujets. Désolant ...
Il faut dire que j'y vais à fond les ballons, que j'en ai fait des tonnes mais c'est toujours pareil : quand tu as un peu de psychologie, ce n'est pas bien difficile de cerner ceux qui se plaisent à ne pas être bien complexes. Donc à l'issue de notre précédente réunion, en lui lâchant deux pseudo-scoops [que la moitié de la Compagnie chérie connaît déjà depuis plusieurs mois], j'ai fait mouche. On peut même dire qu'elle y a vu le signe d'une évidente complicité dont elle s'était bien abstenue des années durant lorsque je représentais une menace pour elle [désolé chérie, mon but n'a jamais été de te prendre la place que tu lorgnais, mon objectif est bien plus ambitieux que cela].
Depuis, j'ai donc droit à des "Bonjour Tto" en veux-tu en voilà ... c'est simple : elle m'a dit autant bonjour en deux semaines qu'en quatre ans.
J'en suis tellement retourné qu'on pourrait dire que je suis tout disposé à n'importe quel gang-bang en cave de banlieue avec lascars montés sur 23 cm.
Mais ... et c'est là que je me rends compte qu'elle n'est pas dépourvue d'atouts, il y a encore un truc que je n'arrive pas à maîtriser chez elle.
Ok, elle a un look pitoyable qui conjugue le catalogue de La Redoute de 1952 avec celui de la poupée nipponne.
Ok, elle ne ressemble à rien à force de ne rien manger [deux feuilles de salade quand c'est la grosse fiesta].
Ok, elle ne capte rien à tout ce qui se passe à la Compagnie chérie alors qu'elle est présente dans les effectifs depuis 2000 ! En quatre ans, j'en sais 10 ou 30 fois plus.
Ok, c'est une cible facile parce que tu sais exactement sur quoi la mettre en boite pour la déstabiliser et, sans grande peine, parvenir à la faire pleurer.
Ok ...
Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire et à être humiliant gratuitement, on ne retire rien. Donc, j'ai décidé d'être diaboliquement plus machiavélique. Au sortir de la réunion dans son bureau, je lui ai laissé le choix. Soit je me retire du dossier parce que ma partie est terminée, soit je veux bien continuer un peu pour donner deux trois conseils à raison de l'oeil qu'elle sait un peu expérimenté. Elle n'a pas hésité : "Oh oui, ça m'arrangerait que tu restes un peu ... J'aimerais bien que tu puisses venir en support de tout ce qui sera rédigé !". Génial ... en gros, elle a choisi de me faire contrôler son propre travail ! De fait, elle me positionne comme celui qui va juger son boulot [ce que je ferai de façon toujours amicale, pédagogique et constructive ... évidemment]. Génial ... mais je ne pensais pas que cela serait si facile.
La semaine dernière, elle débarque dans mon bureau [alors qu'avant elle faisait un détour monstrueux pour ne pas avoir à passer devant ... et donc me saluer], un peu excitée et me dit :
" Oh la la, salut Tto. Ça va bien comme tu veux ? Ouais ? Bon bah j't'explique, j'viens te voir quoi, tu comprends euh ... c'est très intéressé euh ... J'peux te prendre un bonbon ? C'est super que t'aies des bonbons ... Bon bah salut hein ..." et elle est partie comme le tourbillon qu'elle était en rentrant.
Oui ... j'ai des bonbons sur mon bureau mais je ne les mange pas, c'est pour les filles. Les filles adorent picorer et c'est un peu mon grain que je jette aux poules. Donc, entre celles qui me demandent si ça se mange, celles qui pensent que c'est de la déco ou les autres qui n'osent pas, l'habitude est ainsi prise de régulièrement prendre une de mes petites boules à chaque passage. Et comme je sais qu'elle a demandé aux autres dindes si elles en prenaient et qu'elles ont du lui dire que oui et bien plus qu'une seule fois, elle s'est sentie obligée de venir en choper une, avec une gêne à peine gérée.
Tu vois, elle me surprend encore ... j'en ai appelé une autre collègue avec laquelle nous partageons de déverser notre fiel sur la basse-cour : elle non plus n'en ai pas revenue. "Tu vois, elles nous méduseront toujours ces connasses ...". C'est vrai ça ...
Tto, médusé donc