C'est une réaction curieuse que celle de ma Môman la semaine dernière ... Curieuse parce que je ne la comprends toujours pas.
Oh ... tu me diras que ce n'est pas bien grave, qu'il ne faut pas en donner plus de sens que cela n'en a, qu'il n'y avait pas de volonté affichée de blesser voire d'être vaguement désagréable ... Oui mais voila, Tto est en ce moment à fleur de peau et tout prend des proportions qui confinent au tsunami pour une minuscule vaguellette. On appelle cela le trop-plein, la zone rouge, la saturation ou même bien pire que ça, le ras-le-bol.
A l'occasion de nouveaux travaux dans leur salon, mes parents ont encore trouvé le moyen de s'engueuler régulièrement, de me prendre à témoin pour à peu près tout [à telle enseigne que je me suis davantage senti casque bleu de la FORPRONU en plein Kosovo qu'à ma place naturelle ... mes parents ne savent pas bricoler ensemble, c'est une vérité première], de me demander d'arbitrer sur des choses pour lesquelles nous n'avons pas les mêmes goûts, etc.
Comme le poids des printemps se fait de plus en plus lourd, j'ai donné un peu de ma personne pour faire des enduits, pour aller chercher des produits et surtout regonfler le moral des troupes qui flanche toujours parce que l'une voudrait que ce soit fini avant que cela n'ait commencé et l'autre passe son temps à s'autopersuader qu'il sait tout faire et qu'il n'a jamais besoin de conseils [alors qu'il se plante régulièrement ou qu'il s'obstine à ne pas admettre qu'un oeil extérieur aide parfois à faire en sorte que des étagères soient droites]. Bref ... tu envisages le chantier ambiance camping.
Or donc ... comme les travaux ont bien avancé, qu'ils se sont accordés sur la façon de faire après de nombreuses crises, qu'une synthèse a permis de déboucher convenablement sur la bonne façon d'en finir, ma Môman a profité de l'occasion pour faire son argenterie, lessiver le buffet, faire du tri dans des livres et quelques disques, nettoyer les verres ... bref, elle est repartie dans ses délires "On a trop de choses, on garde trop de trucs, ça ne va pas, ça ne va pas !".
Moi, j'ai l'habitude, je n'y prête même plus attention puisque c'est un cycle naturel qui amène à faire en sorte qu'elle vide pour re-remplir aussitôt. Sauf que là, elle m'a scotché.
Samedi dernier, je passe déjeuner chez eux et elle me tend un sac en me disant "Tiens c'est pour toi". A ses yeux, je ne la sentais pas à l'aise mais dans le coup, je regarde assez rapido ce dont il s'agit d'autant que je ne vois pas bien ce qu'elle pourrait me donner alors que nous en étions à parler du trop plein de vaisselle qu'elle avait et du fait qu'elle se félicite d'avoir un buffet dont elle a réussi à extraire nombre de trucs "qui ne servent à rien et prennent la poussière".
Mais qu'est ce que ça pouvait donc bien être ?
J'ouvre le sac ...
... et j'envisage effectivement ce dont il s'agit ...
... limite, je n'ai pas trop de mal ...
... c'est même limpide : il suffit de savoir lire.
"Tu reconnais ce que c'est ?" me lance-t-elle !
Et comment que je le reconnais ... c'est une assiette, une assiette que j'avais offert à mes parents quand j'avais 5 ans, sur laquelle j'avais peint à l'école une maison, un arbre et une échelle. Il y a mon prénom, l'année et voilà ... Mine de rien, ma mère me rend un cadeau que, petit garçon, je lui avais fait.
Oui, ce n'est pas bien grave ... sauf que moi j'ai trouvé cela assez violent en fait. Au même titre que je ne digère toujours pas que certains de mes cadeaux n'aient pas été déballés, qu'ils aient été acceuillis fraichement voire qu'ils aient déplu profondément, je trouve extrêmement difficile de me voir renvoyer un cadeau que, petit garçon, j'avais fait à mes parents au motif que cela ne sert pas, que cela encombre ou que sais-je encore ...
D'ailleurs, ma réaction a été assez immédiate : "Ah bah si c'est comme ça, je vais pouvoir t'en rendre des trucs moches que tu t'es crue obligée de m'acheter ..."
Hélas, je pense que ma Môman n'a pas compris ce que son geste, par elle considéré comme anodin, pouvait signifier pour moi. La période actuelle me fait voir des symboles en tout ... ça passera [ou pas]. En attendant, cette assiette [que j'ai failli jeter purement et simplement] va atterrir à la cave.
Tto, pas dans son assiette mais pas aidé non plus