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Channel: une vie de tto
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Le spécialiste bavard de rien du tout

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Requisitoire Yves ThréardS'il en est un qui incarne [comme l'ongle] l'ultracrépidarianisme, c'est bien Yves Thréard. Pas une semaine, ni une journée sans que cette mouche ne se rapproche de ce dont elle se nourrit abondamment, comme certains papillons s'approchent trop près de la lumière jusqu'à s'en consumer. Là, non, c'est davantage de la mouche un peu verte dont il s'agit ... à telle enseigne que le stakhanoviste Thréard force l'admiration pour maîtriser à la perfection tous les sujets, tous les débats, tous les détails en cumulant son omniprésence télévisuelle avec un emploi au Figaro [Directeur adjoint de la rédaction tout de même]  dont on devine qu'il occuperait déjà n'importe qui. Ah oui mais non, le grand spécialiste de tout cumule tout, s'occupe de tout et délivre sa bonne parole à peine orientée et toujours approximative. C'est le jeu ma pauvre Lucette, l'ultracrépidarianiste grossit tellement le trait qu'il lui arrive de raconter n'importe quoi, voire même de laisser surgir des opinions profondes. L'avantage de l'infatué, c'est qu'il oublie même de faire contrition, de s'excuser ou encore de prendre un peu de recul. On a les penseurs que l'on mérite.

Yves Thréard nait en 1960 à Boulogne-Billancourt. Je te rassure, voilà seulement la seule connexion que tu trouveras avec le monde ouvrier, sa ville de naissance. Très affable sur ce qu'il ne connaît pas, il est licencié [ah ... une seconde connexion prolétarienne ?] en droit [ah non] et poursuit ses études avec un D.E.A. de lettres modernes à la Sorbonne avant de s'envoler à San Francisco pour accrocher un diplôme de droit américain. A 24 ans, il revient en France pour devenir journaliste au Dauphiné libéré de 1984 à 1985. En 1985, l'Afrique l'appelle et il devient journaliste à "Voice of Kenya" et "Voice of America" à Nairobi jusqu'en 1986. Il passe ensuite une année en qualité de journaliste à l’Agence de Presse des Energies en 1987 pour devenir ensuite grand reporter à France-Soir de 1988 à 1993. En 1994, il intègre le Figaro pour devenir chef de service jusqu'en 1997 où il retourne à France-Soir pour prendre la direction de la rédaction du quotidien moribond qui finira par être vendu en 1999. A ce moment là, Thréard quitte le navire et revient au Figaro dont il devient depuis directeur adjoint de la rédaction. Un bien beau parcours en somme ...

Petit à petit, celui qui se proclame éditorialiste se pique d'investir les plateaux télé ... d'abord à I-Télé où il bataille tous les soirs avec Jospeh Macé-Scaron [pour l'équilibre ... je rigole]. On le retrouve régulièrement sur Public Sénat où il flatte les sénateurs et patronne les jeunes journalistes, sur LCI où il déblatère sur tout et surtout n'importe quoi, sur France 5 où il obtient son rond de serviette quand Caroline Roux prend les rênes du programme, sur BFM-TV quand la soupe devient bonne et que l'exposition sied à ton teint de ragondin ... Bref, avec le temps, Yves Thréard est de toutes les tables rondes où l'on cause pour rien, en brassant de l'air, en accumulant les poncifs, les euphémismes et les conjectures toutes plus démenties les unes que les autres le lendemain. Qu'importe le fond pourvu que l'écume soit là. Les affaires de harcèlement sexuel à la rédaction du Figaro, dont il est donc directeur adjoint, glisse sur lui comme l'eau sur une toile cirée.

En revanche, avec le temps et à mesure qu'il glause et cause, il accumule suffisamment de boulettes pour bientôt pouvoir nous servir un bon couscous. 
En octobre 2019, lors d'un débat sur le port du voile dans l'espace public organisé par LCI, il affirme notamment "Je déteste la religion musulmane (…) On a le droit de détester une religion, on a tout à fait le droit de le dire". Sur le fond oui pourvu que l'on sache de quoi l'on parle [à n'en pas douter, Thréard doit également être spécialiste de l'islam] mais la sortie de route intervient ensuite : "L'islamophobie, ça n'existe pas." Bah voilà ... comme ça, le problème est réglé et quiconque y verra un paradoxe n'aura évidemment rien compris. Ahurissant de vanité, il ajoute "Il m'est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu'un avec un voile, et je suis descendu." Le courage fait Thréard ... Face au tollé, il explique ensuite "Je ne me suis pas fait comprendre, ce qui veut dire que je me suis mal exprimé" concède-t-il mollement en corrigeant ensuite "J'ai le plus grand respect pour toutes les religions" avant d'aboutir à "Je suis désolé mais pour moi ce sont (voiles, burkini, abaya) des signes militants et des artifices idéologiques."

Un autre jour, toujours sur LCI, le formidable Jean-Michel Apathie prend à témoin Thréard sur l'inéquité de traitement entre Zemmour et Soral/Dieudonné, rivalisant les uns et les autres de condamnations le premier pour incitation à la haine raciale, les seconds pour antisémitisme. Yves Thréard défend Zemmour pour justifier qu'il soit régulièrement invité par la presse et subjugue tout le monde en disant : "On ne peut pas les comparer. [...] Zemmour ne s'en prend pas aux Arabes parce qu'ils sont arabes, [mais] parce qu'il dit "Ce sont des voleurs." Faisant siennes de telles paroles, il continue les semaines suivantes et pendant toute la campagne présidentielle 2022 de minorer les écarts de Zemmour, de tempérer des analyses qui seraient trop défavorables à son ex-confrère. En mars 2023, il est au centre d'une nouvelle polémique, en se piquant d'interviewer sur La chaine parlementaire le suprémaciste noir et antisémite Kémi Seba ! La chaîne est obligée de déprogrammer l'entretien lorsque le président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale accuse le militant de servir "une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais", en l'occurrence la Russie via la milice Wagner. Pour Thréard, très nostalgique de la Françafrique à longueur de plateaux, c'est un nouveau problème. 

A l'occasion de la publication des listings des Panama Papers, Thréard avait comparé la pratique de lister des noms avec celle qui aurait pu être de mise pour lister les malades du SIDA. S'excusant, il fait alors un amalgame avec les listes de juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Encore pire ...

Dernièrement, il a réduit Rachida Dati à "une petite beurette" comme si c'était un bon mot ou même nécessaire d'essentialiser la nouvelle ministre de la culture. 

A côté de ces dérapages non-contrôlés qui lui font perdre le sens commun dès lors qu'on parle de Zemmour, de Sarkozy ou d'autres caciques de la bonne grosse droite bien traditionnelle [il faut relire son éditorial sur le mariage pour tous ici, habilement rédigé mais qui transpire de ses convictions un peu nauséabondes], Yves Thréard témoigne également d'une difficulté récurrente en matière d'ultracrépidarianisme : il ne maitrise rien et fonctionne par approximations, en essayant toujours de faire du buzz. Qu'importe si l'on dit n'importe quoi, l'essentiel est de ne pas être juste, la priorité est de faire l'opinion ce qui est d'autant plus facile quand on vous tend facilement des micros. L'homme est une somme d'imprécisions voire de contre-vérités mais qu'importe ...

Françoise Sagan écrivit : “La terre est peuplée de truqueurs et de bavards, qui se servent des mots comme d'une monnaie qu'ils sauraient fausse.” Comment lui donner tort quand on envisage Thréard ?
“Les bavards sont les plus discrets des hommes : ils parlent pour ne rien dire.” ... Et vlan, Thréard, dont la rime est riche avec "bavard", trouvera certainement matière à nous expliquer que Voltaire n'avait pas forcément voulu dire cela le concernant ... assurément même.

Tto, qui déteste les ultracrépidarianistes


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