On se perd dans les parralèles et les conjectures toutes plus hasardeuses les unes que les autres, surtout quand elles sont proférées par des dégueuloirs animés par l'inculture ou la malhonnèteté intellectuelle crasse et flagrante. Ainsi, on croit trouver une solution à invoquer les crépuscules passés, se demander si les gilets jaunes ne seraient un tiers-état ressucité ou encore si Emmanuel Macron n'est pas tel souverain infatué ne voyant pas l'abîme se rapprocher de ses souliers. Comparaison n'est jamais raison mais je converge sur un point : cela donne des pistes d'analyse.
Aussi, lundi matin quand j'entendis quela France était dans une situation proche de la République de Weimar, j'avoue que j'ai trouvé cela un peu excessif mais un peu plus censé que les bêtises alignées sur les plateaux complaisants de BFM TV ou autres émissions relevant davantage du Café du Commerce. Weimar assurément non puisque jusqu'à preuve du contraire, l'instabilité politique n'est pas de mise au Parlement, mais il est curieux de voir que nous cocherons samedi la quatorzième journée d'exactions en tous genres prenant prétexte d'une misère sociale pour faire infuser des concepts extrémistes évidents. Tantôt l'extrême droite, tantôt l'extrême gauche ... on est gâtés et on laisse faire comme s'il fallait donner des gages de ce que l'on est en démocratie et donc ne pas réprimer des comportements qui relèvent de la grande déliquance [port d'arme non autorisé, pillages, rebellion face à l'autorité ... j'en passe tant le catalogue est fourni s'agissant de ceux qui se réclament du "vrai" peuple] et mériteraient clairement qu'il fut mis un terme à tout cela pour préserver les libertés fondamentales de chacun. Au lieu de cela, les débordements orchestrés par quelques-uns permettent de légitimer le vote d'une loi durcissant comme rarement le droit de manifester, pourtant érigé en liberté fondamentale. Finalement, Drouet et sa clique ont confisqué durablement ce droit qui n'était pas absolu - contrairement à ce que tous les syndicalistes oublient - et ce sont les Républicains [de Laurent Wauquiez] qui aident ainsi le gouvernement puisque cela vient d'une proposition de loi du Sénat !
"Ils me font chier les gilets jaunes" s'est excalmé François Berléand au micro de RTL. C'est d'ailleurs un sentiment qui se répand et maintenant que les sondages expliquent que l'adhésion populaire s'effrite, les caciques de l'insurrection du samedi conspuent ces affidés du pouvoir qu'ils trouvaient irréprochables il y a pourtant quelques semaines quand ils leur donnaient raison. Si ce n'est pas la Fête à Neuneu le samedi dans les rues de France, c'est le grand défouloir des noeuds-noeuds qui se croient tout permis, se déofulent sur tout ce qui passe sans que leur jalousie de ne pas posséder autant que d'autres ne s'éteigne pour autant. Parce qu'il y a là une fracture qui n'est pas sociale, elle est sociétale : une partie du pays ne peut plus voir l'autre en peinture, l'accusant de tous les maux. Les riches sont trop riches, les pauvres sont trop pauvres ... les syllogismes n'ont plus la rigueur d'antan et l'on verse avec facilité sur le fait que rétablir les bases de l'ISF serait la solution à tous les problèmes [ah oui, le prochain qui m'explique que l'on a aboli l'ISF se prend ma main dans la tête : on a exonéré une partie de l'assiette de l'ISF, les investissements productifs en l'occurrrence]. De même, révoquer [... une absurdité juridique ...] Emmanuel Macron solutionnerait tout ! Je suis malheureux, Emmanuel Macron ne fait rien pour mon bonheur, donc je suis malheureux à cause d'Emmanuel Macron ... on en est là.
Qu'il y ait de la misère en France, c'est certain. Qu'il faille protéger davantage ceux qui en ont besoin, c'est tout autant certain. Mais que Raquel Garrido vienne se pavaner avec obscènité pour refaire le match de 2017 qu'elle n'a pas pu faire tourner en la faveur du leader-minimo, que Maxime Nicolle menace de demander l'asile politique mais se rende à une manifestation en BMW à plus 50.000 euros neuve ... ça, ça ne choque personne ? Pendant une semaine on a eu droit à des leçons de civisme dispensées par un repris de justice ... tout le monde est dans la surenchère à celui qui aura l'idée la plus bête ! Pour le coup, le Gorafi comme le site Secretnews ont du mal à garder une longueur d'avance. On accumule les ânneries, on laisse la parole à des crétins qui cherchent leur heure de gloire à l'image des usurpateurs débusqués à chaque direct par RT-FRANCE qui pulvérise tous les codes de la désinformation. Complaisamment, on laisse faire des casseurs et des agités qui se croient autorisés, tous les samedis, à vandaliser, casser et brûler. Ne pas le faire serait le signe que nous serions en dictature ? Le principe même d'un état de droit est précisément de prévoir des règles que la dictature n'autorise pas pour laisser le champ à l'arbitraire.
Que les trous-du-cul qui chouinent de subir le comportement dictatorial de Macron aillent en Corée du Nord ou au Vénézuela pour goûter de quoi il retourne dans un régime autoritaire ! Que les gilets jaunes qui donnent tant de leçons m'expliquent pourquoi on les entend si peu condamner quand on tague "Juden" sur la devanture de Bagelstein à Paris comme aux pires heures de 1933 quand Weimar vascillait ! Que ces mêmes gilets jaunes fassent un peu le ménage dans leurs rangs et excluent la racaille d'extrême-droite comme la fange d'extrême-gauche pour redonner un peu de crédit à leurs complaintes dont certaines sont justes !
On peut avoir de la sympathie pour la cause défendue par les gilets jaunes [sous réserve de parvenir, pour ma culture personnelle, à m'indiquer de quoi il s'agit puisque tout est dit et surtout son contraire] mais peut-on se réjouir des dégâts organisés, des radars que l'on brûle ou des forces de l'ordre que l'on prend pour cible ? C'est oublier un peu vite que le coût de tout cela sera mis à la charge de ceux qui payent des impôts et moi, j'en ai assez de me dire que ces fachistes profonds qui ont trouvé une opportunité de saper les fondements de l'état de droit cassent et que je vais devoir payer pour tout cela. Il a raison Berléand, ils commencent à nous fatiguer les gilets jaunes ... et ceux qui viendront m'expliquer qu'en fait il y a des gens qui usurpent la cause desdits gilets jaunes repartiront avec le fait que c'est aux gilets jaunes de faire le ménage dans leurs rangs ... quitte à ce que les imposteurs d'extrême-gauche et les imposteurs d'extrême-droite se battent en pleine rue comme à Lyon samedi dernier.
Emmanuel Macron joue sur le pourrissement du mouvement. Et là aussi, je dénonce l'irresponsabilité parce que de pourrissement il est effectivement question. C'est même plus que du pourrissement : la démocratie française est faisandée. Ce n'est pas nouveau, cela fait longtemps que je l'annonce [ici, ici, ici, ici]. Personne ne voit dans les émissions de Cyril Hanouna ou de Yann Barthès [l'un étant le beauf gênant, l'autre le sarcastique Rastignac qui prospère sur le populisme] un signe évident de décadence. Nul n'aperçoit de solution dans un jeu politique bloqué entre LREM qui s'érige en gardien de ce qu'il reste de la démocratie et les autres qui promettent l'autoritarisme plus ou moins poussé. La France est gouvernée mais tous les partis sont en charpie, est en déficit structurel au point que son endettement dépasse les 100% et dépend d'investissements étrangers pour surnager donc de la conjucture mondiale. Oui, comparaison n'est pas raison mais en Allemagne en 1933, c'était pareil et Hitler est parvenu à se faire élire sur la base de la haine de l'autre. Le juif, l'homosexuel, le riche, le traitre aux intérêts du peuple ... ça ne te dit rien ? Tu n'as pas l'impression que s'installe cette ambiance lugubre et crépusculaire ? Moi, si.
Tto, inquiet