On ne devrait jamais travailler le lendemain d'un jour qui se termine par "anche", c'est une certitude et c'est même pratiquement ce qui devrait fonder une nouvelle philosophie de vie. En attendant que cette utopie ne transforme ce voeu pieux en réalité, il a bien fallu composer avec le fait que les rues étaient glissantes, qu'il faisait froid et que le train-train quotidien reprenait dangereusement toute sa place.
Je sais pourquoi je n'aime pas le lundi : je ne l'aime pas parce qu'il est synonyme de reprise d'activité, mais surtout parce qu'il oblige encore à une rupture de rythme et, finalement, c'est peut-être cela qui est le plus difficile, la rupture de rythme. Donc inéluctablement, tous les lundis matins, on se demande ce que les pintades vont avoir encore d'extasiant à raconter [et le pire, c'est qu'elles trouvent toujours !! Leur créativité pour ruiner la flamme fébrile de ma motivation est sans limite.
Ce matin, c'était le concours à celle qui aura eu le plus froid pendant son wikende. Entre "polaire", "sibérien", "glacial" et autres "frigorifique", j'ai entendu de loin leurs merveilleux récits tellement passionnants que je me couche tous les soirs en remerciant la providence d'avoir ma vie et pas la leur. C'est un peu comme les tweets ou les statuts Facebook que je pouvais lire il y a 15 jours en Nouvelle-Zélande où chacun y allait de sa petite contribution à expliquer qu'il faisait froid parce qu'il y avait de la neige [c'est bien, le bac Physique est à la portée de tous désormais ...]. Te dire que j'étais affligé, c'est un doux euphémisme ... plus justement, j'étais navré parce que mon affliction, c'était pour plein d'autres choses dont je dois reconnaître qu'on apprécie toute la saveur avec la distance et l'éloignement. Nan vraiment, la médiocrité, c'est un truc qui se déguste à petites doses et certains sont de très bons fournisseurs.
Or donc ce matin, je me suis demandé si vraiment je devais y aller au boulot. Quand on est déjà parti dans sa tête, c'est finalement plus simple parce qu'il n'y a pas vraiment d'enjeu. Cela laisse beaucoup de distance. En plus, comme j'avais passé un bon wikende avec plein de bonnes choses dedans, que j'ai téléchargé les 100 Go de photos vidéos des vacances, que je me suis fait un cadeau sympa samedi matin, que j'ai déjà trouvé un cadeau pour l'anniversaire de Zolimari, que la débauche d'attentions qu'on a livrées à nos proches au retour des vacances a fait vachement plaisir ... bah oui, j'étais bien. C'est toujours pareil : pendant quinze jours, j'ai presque un regard bienveillant avec les gens alors qu'ils sont toujours autant incivilisés et inciviques. Sauf que je m'en fous. Alors oui, le black qui me pousse parce qu'il a besoin de place alors qu'il n'y en a pas, je m'en fous. La mémé qui te coupe la route pour rentrer dans une rame alors que personne n'est descendu, je m'en fous. La connasse qui parle fort comme si sa conversation de salle de bain intéressait tout le monde, bah oui je m'en fous aussi.
Donc je devrais m'en moquer de ce lundi hein, le prendre comme ça, comme le reste et me dire que ce n'est pas si grave et que le jet-lag aidant encore, je vais être épuisé tout bientôt [si ce n'est déjà] ? Je devrais mais là, c'est plus dur. "T'es vachement en forme pour un lundi" m'a-t-on lancé ce matin ... disons que je donne le change parce que je n'ai pas envie de bougonner et de faire comme si cela allait arranger les choses alors qu'on sait bien que ce ne sera pas le cas. En plus, ce soir, je fais ce que je ne fais jamais, j'ai accepté une invitation à dîner ... un lundi .... un lundi soir ... un lundi soir d'une semaine où j'aurai deux autres dîners et un cocktail dînatoire et un concert de Christophe Willem dont Zolimari me massacre les oreilles. Non vraiment, ça se voit que je vais bien !
Tto, Monday n'est pas mon day