"La signature, c'est l'identité sociale" disent certains graphologues, autant dire que c'est le message graphique qui est censé évlairer beaucoup sur ta personnalité. C'est aussi la façon d'apposer sa marque sur un document plus ou moins officiel, une lettre ou que sais-je encore.
Je me souviens avoir choisi la mienne vers 11 ans. Un soir, dans ma chambre tandis que je me baladais dans mon royaume imaginaire où tout me plaisait, je m'amusais à être celui que je rêvais être et comme j'étais nécessairement un adulte, il fallait que j'en détinsse tous les attributs dont la signature.
J'avais déjà regardé celle de ma Môman et de mon Pôpa, ils ne faisaient pas du tout la même chose. Celle de mon père était alambiquée, resserrée et très difficile à imiter [et j'y ai passé des heures, crois moi]. Celle de ma mère était très graphique, très ronde, très présente et simplissime à imiter. Que fallait-il que je fasse ?
J'en avais parlé à ma mère qui m'avait dit qu'il était usuel que l'on signât avec son nom de famille. Etant un garçon, il y avait peu de chance qu'il puisse changer ... Le "O" de mon nom de famille ouvrait beaucoup de possibilités mais rien qui ne me parut évident. Ma mère m'expliqua aussi qu'il fallait que cette signature soit assez rapide à effectuer, instinctive aussi. J'étais bien avancé ... autant me demander de faire une conférence en VOLAPÜK sur la vie des carmélites au XIIème siècle en Basse-Saxe. Je me suis donc replié sur moi, et j'ai cherché.
Après une soirée où j'avais essayé d'écrire mon nom et mon prénom, mon prénom et mon nom, rien que mon nom avec des points ou des traits, simplement un idéogramme ... je me suis arrêté sur une signature qui ne m'a désormais plus quitté ni franchement évolué.
Ma mère eût la surprise de constater que sans vraiment le faire exprès, j'avais choisi de faire comme mes parents : signer avec mon prénom. Oh ce n'est pas qu'il me plaisait à l'extrême mais il avait au moins la qualité d'avoir des lettres qui sont propices à faire une signature esthétique.
On dit souvent que les gens qui signent avec leur prénom ont une propension à vouloir rester dans une forme d'enfance et confondre la sphère personnelle et professionnelle. On dit tellement de conneries ... Le trait caractéristique de ma signature est surtout qu'elle se termine par un trait que Zorro ne pourrait renier. On m'a dit énormément de choses à ce sujet : négation de soi, signe d'autorité manifeste, cadrage puisque les deux traits matérialiseraient des rails desquels je refuse de sortir, etc.
De mes travaux introspectifs destinés à me permettre de choisir une signature, j'ai gardé le souvenir d'une piste que j'utilise encore. Oui, il y a un essai de signature que j'utilise encore sans pour autant m'en servir de signature. C'est mon paraphe : j'ai un métier qui m'oblige à user d'un paraphe pour certifier divers documents et ce paraphe qui est une stylisation de la première lettre de mon prénom consiste en un triple trait vertical barré par la suite à l'horizontale qui figure donc ladite lettre. Contrairement à ce que font beaucoup de gens, je ne paraphe pas avec mes initiales [c'est tellement facile à reproduire ...] mais mon prénom s'est imposé avec le temps partout dans la façon que j'ai d'individualiser les documents auxquels je suis censé matérialiser mon consentement ou ma participation.
Tto, qui signe donc pareil depuis plus de 30 ans
VOLAPÜK : Substantif masculin invariable
En linguistique, langue construite inventée par le prêtre catholique allemand Johann Martin Schleyer, qui devait servir de langue-pont entre des gens de langues maternelles différentes.
Au sens figuré et dans une acception péjorative, langage incompréhensible.