Ça ressemble à une chanson d'Eddy Mitchell mais hélas, "la dernière séance" ne semble pas être pour tout de suite tant Raquel et Alexis s'émoustillent à jouer les Bonnie & Clyde du buzz, devant des animateurs et des producteurs en pleine de descente qui appellent de leurs voeux encore un shoot. Qu'on aille d'Ardisson à Ruquier, des plateaux complaisants de BFM TV aux débats consternants de C-NEWS, le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils s'en donnent à coeur joie les deux pistoleros, avide de monopoliser la parole dont ils jurent pourtant qu'on les prive.
Qu'importe, Raquel enfonce la porte et s'asseoit aux côtés de Goldnadel, Giesbert, Polony et Jeremstar pour jouer les vedettes et déranger, qu'importe s'il faut pour cela annoncer avec aplomb le succès d'une manifestation qui n'a pas encore eu lieu, qu'importe si les approximations se succèdent puisqu'au final il faut faire du buzzz, qu'importe enfin si elle cachetonne sur C8 sous perfusion Bolloré alors qu'elle jouait quelques mois plus tôt les Évita de circonstance devant des salariés de I-Télé tellement désespérés qu'il croyait celle qui, indirectement, se faire arroser par le matador qu'elle pourfendait. Les Tartuffes ont un avantage cruel qu'Audiard avait bien identifié : ils osent tout.
La toque C1127 inscrite à l'ordre des avocats du Barreau de Paris mélange tout, amalgame à peu près tout ce qui passe mais ce n'est pas grave : en jouant les poissonnières sur les plateaux de télévision [quand son cher et tendre au regard bovin dégueule la propagande de Mélenchon], elle a compris que Francis Bacon avait raison : calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. C'est d'ailleurs la curieuse symétrie que le couple infernal entretient avec son soi-disant ennemi de l'autre côté de l'échiquier, la famille Le Pen. Même rhétorique, mêmes outrances pour se frayer un chemin devant les caméras qui flattent ensuite le nombril des compères devant le sourire satisfait d'un Mélenchon gourou qui n'a plus la lucidité de se demander avec effroi ce qu'il a créé.
Raquel Garrido est donc la passionaria de la cause ouvrière, la pourfendeuse des injustices, l'inexpuniable gardienne des principes ... oui, oui ... Comme Corbière, elle vivait dans un HLM alors qu'elle est avocate et que son cabinet se trouve 20 rue Saint Martin dans le quatrième arrondissement de Paris, en plein centre de Paris juste à côté du si nécessiteux Marais. On a connu plus populaire ... mais cela doit être parce qu'elle a besoin de se reposer, à l'instar de son mentor qui voyage en business parce qu'il a mal au dos.
Avocate depuis février 2011, Raquel ne fait état d'aucune spécialité ni d'aucun champ de compétence particulier : on saluera donc l'honnêteté en question. En cherchant un peu, on trouve une activité en droit public, en droit civil et en droit commercial [il faut bien manger ... à moins que ce ne soit pour arranger les affaires d'Alexis et sa société de conseil]. Là où Marine Le Pen arborait fièrement des plaidoiries pour sauver les intérêts de pauvres réfugiés qu'on allait expulser, pour Raquel c'est plus opaque. Elle plaide devant la Cour d'appel de Paris et devant le Tribunal administratif de Paris. Naïvement, on s'attendait à trouver un caractère plus affirmé en droit social, elle qui est pourtant si déterminée. Mais non, elle défend Mélenchon, s'éclate en droit de la presse parce qu'elle a parfaitement compris que les caméras s'y pressent. Les années à défendre les positions d'un syndicat à l'Organisation Internationale du Travail sont loin ...
Sauf que le Canard, dont elle aura certainement et sans peine l'audace d'expliquer que c'est un journal de droite, a révélé aujourd'hui que Raquel ne raque pas depuis six ans, ne s'étant pas acquittée de ses cotisations retraite : ça la fout mal pour la digue insubmersible du modèle social français d'être la première à ne pas contribuer au financement dudit modèle social ... Pire, elle ne payerait même pas ses cotisations au Barreau, ce qui pourrait justifier d'une omission [en clair, une exclusion] du Barreau de Paris lui faisant alors perdre son titre d'avocate. Qu'il est doux ce temps où Raquel n'avait pas de mots assez forts contre les puissants qui s'enrichissaient en ne payant pas ou ceux qui étaient victimes de phobies administratives ...
Outrée autant qu'elle outre, Raquel Garrido continue son bonhomme de chemin, accumule les contradictions, clashe tout ce qu'elle peut surtout quand elle est rattrapée par la patrouille de ceux qu'elle prend de si haut alors qu'elle mord si clairement la ligne blanche. L'indulgence coupable d'Ardisson lui permet de continuer, même si l'audience n'est pas au rendez-vous. Elle tance les journalistes auxquels elle donne des leçons de déontologie comme si celle des avocats était scrupuleusement respectée. La meilleure défense, c'est l'attaque et qu'importe si cela froisse ou irrite, Raquel n'en a cure ... tant qu'il y a de la fumée, les regards ne se posent pas là où il faudrait, l'attention est divertie pour esquiver les critiques sur les incohérences sinon les mensonges d'un programme politique auquel elle se soumet. La duperie n'aura qu'un temps et quand le vent du réveil des masses laborieuses qu'elle proclame défendre soufflera et l'emportera elle comme la clique insoumise [qui ne l'est finalement pas du tout], Garrido comme Corbière trouveront beaucoup charme à ce système qu'ils appellent à réduire à néant mais qui leur plaît tant : la personnalisation de la Vème République est détestable sauf quand on en profite ...
Étonnant de se dire que Raquel Garrido qui fait le procès de l'argent dans le foot quand une grille cède à Amiens, qui confond la nature juridique de la redevance, qui oublie les déclarations ambiguës de son cher Jean-Luc ou qui reconnaît poussivement du bout des lèvres les exactions au Vénézuela, qui se goinfre à la table d'Ardisson et de Bolloré, qui refuse de répondre aux questions qu'elle posait aux journalistes quelques mois auparavant ... oui cette Raquel Garrido là, c'est étonnant de se dire qu'elle prévoit beaucoup de choses mais qu'elle ne voit pas arriver le moment où elle ne sera plus autre chose qu'une bête de foire médiatique, qui s'agite devant les projecteurs et qu'elle finira consumée comme les autres, comme tous ceux qui s'en approche trop. Non Raquel n'est pas insoumise, elle est déjà soumise à ce jeu dont elle prétend artificieusement être étrangère alors qu'elle en fait partie au point d'avoir des ardoises [et 32.215 €, ce n'est pas rien pour un ouvrier Corbière et Garrido]. Je plains ceux qu'elle trompe à longueur de saillies logorrhéiques.
Tto, qui pense tout de même que Garrido est moins pire que Corbière [je frétille d'avance qu'on sorte enfin ce qui le concerne]