A l'heure de l'écriture inclusive [qui n'a pour seul mérite que de remettre au goût du jour le tiret qui commençait à se faire oublier], venir parler de l'Homme au sens de l'être de muscles et de poils qui agrège autant de testostérone que Ruquier ou Mélenchon ne concentrent d'ânneries au kilomètre pour flatter leur ego sur-dimensionné, c'est un peu incongru et cela pourrait paraître très provocant. Bah oui, ce serait se moquer du pauvre sort de la femme, petit être sans défense qui subit les pires outrages [y a qu'à voir régulièrement les statistiques mises en avant sur les violences conjugales qui oublient que des hommes sont également maltraités voire violentés ... c'est très révélateur, je trouve, de demander l'égalitarisme pour le piétiner la seconde d'après] mais on va encore venir m'expliquer que je suis un odieux misogyne ... qu'importe, je laisse la bave des crapauds et grenouilles visqueuses là où elle se trouve.
Donc oui, l'Homme [avec tous les attributs de celui-ci] mérite bien que l'on se penche sur son cas [je m'en fais régulièrement une ardente obligation] et que l'on prenne enfin conscience de la dimension sexuelle des messages marketés qui lui sont adressés. Parce qu'enfin, depuis que je suis tout petit, j'entends dire que l'on utilise le corps des femmes contre elles-mêmes ou pour vendre facilement. Ma mère avait commencé à s'offusquer de cela quand la publicité Tahiti Douche déboulait entre le journal de 20h et le film du dimanche soir et que les filles étaient toutes top-less alors que les mecs avaient encore de généreux maillots de bain [quel dommage quand même ... t'as raison Môman, tout le monde à poil]. Ah ça oui, on l'a entendue la rengaine selon laquelle toutes les filles sont anorexiques parce que les pubs surexposent des mannequins qui feraient passer un coton-tige pour de l'obésité morbide. La disproportion d'exposition de genre était très vraie dans les années 80 mais à partir de la décennie 1990 et suivantes, il faut vraiment être malhonnête pour ne pas reconnaître que l'équilibre s'est fait dans le sens d'une utilisation au moins autant caricaturale du corps des hommes à telle enseigne que la grossophobie s'est bien diffusée [on en parle des mecs au ventre plat qui hurlent au désespoir parce qu'ils ont pris 200g après avoir mangé autre chose que du quinoa avec du pamplemousse ?] et concerne désormais à peu près tout le monde. Là encore, tel n'est pas le sujet du jour mais c'est pour dire que le marketing et la publicité se sont emparés des corps, indifféremment pour standardiser et conformer.
Et pour vendre, on sait bien qu'il n'y a pas 36 façons d'opérer : faire rire ou faire bander. C'est l'un des propos de l'exposition qui se déroule à la faculté de Jussieu [Paris Vè], comment le corps des hommes et leur sexualité en général sont utilisés pour décrire leur intimité. Tu es ce que tu consommes, tu jouis comme le suggère l'imagerie populaire véhiculée par la pornographie, les romans ou les vidéos qui font le buzz. Mettre à nu l'homme, c'est aussi remettre en cause le mythe de la masculinité hérité d'une société patriarcale qui, d’emblée, interdisait de mettre à bas les modèles séculaires qui leur étaient, à eux aussi, imposés.Huit étudiantes de l’association CELSA Hors les murs ont décidé de prendre le sujet à bras le corps.
Tiens regarde ... rien que ce simple flacon de gel douche est une illustration éloquente de la sexualisation du quotidien d'un homme, avec une profusion de messages subliminaux [et d'autres beaucoup moins] en vue de le rassurer, de le conforter dans sa virilité. Parce que l'homme est un peu paumé dans tout ça. Les messages sont parfois contradictoires à telle enseigne que la culture comme l'éducation ne donnent plus les outils qui permettent de réconcilier le bazar qui règne dans la tête de certains. C'est pourquoi des artistes ont fait le choix de déconstruire les stéréotypes ancestraux représentant les hommes, pour arriver à une imagerie de ce qu’ils sont et non pas de ce qu'ils devraient être selon les axiomes jadis imposés.
Muscles, pilosité, taille et performance sexuelle sont autant de critères d'une norme impérative masculine qui complexe les hommes depuis longtemps et la pression s'accroit chaque jour davantage. Regarde simplement les mécaniques des communications sur les cosmétiques masculines [un marché juteux qui n'existait que marginalement il y a 40 ans ...], l'idéalisation du corps étant l'autoroute sur laquelle tout le monde se fait cartonner quoi qu'il arrive. “Je pense qu’il y a une pression plus forte sur les hommes que sur les femmes. Un mec doit prouver qu’il est un bon coup, qu’il a de l’expérience, surtout quand il ne connaît pas encore bien sa partenaire. Moi, ça peut carrément me bloquer et m’empêcher d’aller aborder une nana, même pour un simple plan cul” explique un témoignage de l'exposition.
De même, le curseur de la virilité est une question qui se pose ... “Quand un homme surjoue la virilité, c’est pathétique. Pour moi, la vraie virilité, celle qui m’attire, est plus subjective.” explique un témoignage. Les idéaux représentés sont-ils intenables ? Tout dépend de la confiance que l'on a en soi et le contexte mais en y renonçant, des hommes s’en portent bien mieux, tant personnellement que sentimentalement. Parce que l'hyper sexualisation de la virilité [affichée à longueur de clips, stand-ups et autres] pousse à devoir surjouer la masculinité jusqu'à aller trop loin dans la domination et à déraper. Le viol devient une sentence, même au niveau conjugual.
Face à cela, la virilité évolue ... et la culture gay n'y est pas pour rien. Des canons de masculinité comme Pierre Niney remplacent Patrick Dewaere ou Jean-Claude Van Damme. Les frontières se font moins infranchissables et la sexualité masculine devient un sujet alors qu'il fut gommé pendant des années, l'homme ne devant être qu'une machine à bander et à satisfaire ses pulsions [on reparlera un jour de l'idéalisation de la relation adultère]. N'empêche que cette évolution a du bon même si elle brouille encore davantage le message pour ceux qui ne s'y retrouvaient déjà pas. Un témoin anonyme explique : “Je déteste l’idée d’associer la virilité à la musculature, la pilosité, la domination de l’autre, ou la capacité à boire comme un trou. Pour moi, les choses se jouent à un autre niveau: on peut être fort en étant doux, ouvert, vulnérable” ... certains allant même jusqu'à expliquer qu'ils se passeraient bien de devoir répondre aux critères même mouvants de la virilité encore imposée par la société.
L'exposition "Déshabillez-le! La sexualité masculine: les dessous d’un mythe", c'est jusqu'au 14 octobre à la galerie La Passerelle à l’UPMC, 4 Place Jussieu, Paris V.
Tto, qui trouve le sujet passionnant