Cette année encore, la rentrée télé va faire des morts et il est probable qu'il faille aller chercher du côté de France télévisions certaines dépouilles tant les chantiers comme les méthodes sont finalement aux antipodes de ce qu'il faudrait faire pour maintenir à flot un bateau qui coule depuis l'arrivée de Delphine Ernotte. Qui coulé ? Non, c'est un peu excessif : finalement, ne fonctionne que ce qu'elle n'a touché qu'à la marge, c'est à dire France 5.
Mais s'il fallait se convaincre que le bilan de celle qui est arrivée à la tête de l'audiovisuel télé public le 22 août 2015 est assez désastreux, il suffit simplement de regarder quelles étaient les parts de marché de France 2 et France 3 à cette époque et d'observer le vertigineux décrochage des chaînes qui captent la majeure partie du budget.
Pour France 2, la chasse à l'homme quinquagénaire blanc aura été savamment menée [l'ineptie étant de claironner haut et fort que l'on n'a pour seul projet d'entreprise que celui-ci] et c'est ainsi qu'elle a vidé quelques tauliers certes bien installés mais qui avaient le mérite de remplir la salle. Les amazones de Delphine Ernotte, disséminées à la tête des programmes des antennes, auront exécuté de belles cases sans jamais trouver les moyens d'une alternative, laissant ainsi France 2 poussivement engranger 5% de parts de marché en plein après-midi. Même Drucker se demande encore ce qu'il fait là et on murmure qu'il va faire sa dernière saison si rien ne change. Patrick Sébastien n'est pas du goût de la papesse d'une diversité sectaire des antennes mais il fait encore 20% de parts de marché, ce qui est devenu quasiment exceptionnel pour des programmes dits de flux [hors programmes sportifs]. Ainsi donc, France 2, qui était proche des 14% il y a deux ans, taquine désormais les 11% de parts de marché mensuelles et c'est tout l'équilibre de France télévisions qui se voit précarisé. Dernière victime après Leymergie et ses 35% du matin, David Pujadas qui a préféré aller rouler sa bosse dans sa LCI d'origine où il va consciencieusement sapper les chevilles des antennes publiques. Il est clair que ce n'est pas franceinfo: qui va pouvoir rivaliser, la gadget de Delphine Ernotte n'ose même pas souscrire aux enquêtes Médiamétrie de peur d'affoler au regard de la surcharge financière qu'elle représente pour le peu de spectateurs.
A France 3, l'affaire Lepers a montré toute l'intransigeance de Dana Hastier qui s'essouffle à essayer de convaincre que la chaîne a changé de cap. A longueur d'interview, elle s'énerve qu'on ne lui fasse crédit de rien et ne supporte pas qu'on lui rappelle qu'elle a pris une chaîne à 10% qui maintenant est à 8,7. Là encore, c'est à se demander si le vase clos ne devrait pas accélérer l'asphyxie de la patronne des programmes qui, comme le doryphore, ne vit que sur la patate des fondamentaux établis par ses prédécesseurs.
Et c'est ainsi que s'enfonce le navire de l'Esplanade Henri de France ... et la rentrée de lundi n'annonce rien de fantastique.
Les après-midis de France 2 ont encore été atomisées pour dégainer Faustine Bollaert, Daphné Bürki et Sophie Davant. Il ne manque plus qu'une shampooineuse et on se croirait presque chez Saint Algue. Mais attention, on nous annonce des programmes construits et qualitativement éprouvés par des tests de téléspectateurs. La sanction sera probablement la même : la ressucée de Delarue maintiendra mollement la barre quand Bürki et Davant auront plus de difficultés.
A 20h, après avoir sommé Pujadas d'aller voir ailleurs alors qu'il venait de faire sa meilleure année depuis 16 ans [va comprendre Lilianne ...], on propulse Anne-Sophie Lapix qui va inévitablement subir l'effet Ferrari alors même que Pujadas n'a pas été aussi odieux que PDDA à l'époque. Oui mais voilà, la comparaison promet d'être terrible et le moindre faux pas sera abondamment exploité. Redoutable monde de la télé que celui-ci. Sauf que la caisse de résonance est collossale : le 20h, c'est la vitrine et finalement Delphine Ernotte joue tout sur ce coup de dés.
Le dimanche soir de Delahousse [seul moyen pour le retenir de céder aux sirènes de TF1 qui souhaitait le voir remplacer Bouleau qui ne convainc décidemment pas] ou quelques curseurs mollement bougés ne feront pas illusion : tout se joue lundi soir sur les épaules d'Anne-Sophie Lapix.
Si la greffe ne prend pas, Ernotte en fera les frais et partira avant la fin de l'année, ce qui permettra de remettre un peu de cohérence dans le séquencement du mandat du Président de France télévisions, fauteuil dans lequel Matthieu Gallet se verrait bien atterrir pour distraire l'attention qui sera portée aux prochaines chiffres d'audience de ses radios, dont on murmure qu'ils ne seraient pas si flamboyant que par le passé, quand Schlesinger [parti pour redresser Europe1] faisait tout le boulot.
A côté de ça, la déconfiture de CANAL+ et les affres de Bolloré avec le roitelet Hanouna, c'est presque du pipi de chat. C'est aussi peu significatif que les déboires de TF1 où l'actionnaire Bouygues commence un peu à s'inquiéter à force de voir s'accumuler les revers d'audience pour une facture qui ne diminue pas.
Oui, la rentrée télé sera meurtrière et c'est lundi qu'on verra si Ernotte sauve sa peau ... la trajectoire du boulet de canon ne témoigne pas de beaucoup d'ambiguités.
Tto, qui a hâte de voir ça