Précédemment dans "la bouteille à la mer"
Il faut dire les choses telles qu'elles sont, cette réponse deux ans après m'a laissé songeur. J'ai bien pris la journée pour me demander comment gérer ce que finalement j'avais recherché deux ans auparavant. C'est toujours un peu curieux de se dire qu'on espère quelque chose et le jour où cela arrive, on ne sait plus quoi faire ni comment appréhender le fait que l'on a obtenu ce vers quoi on tendait
Fidèle à mon habitude, c'est entre moi et moi-même que la question s'est gérée, Zolimari n'a été mis au courant qu'une semaine plus tard.
Que fallait-il répondre ? Sur quoi fallait-il embrayer ? Quel était exactement le ton à adopter ? La famille devait-elle être évoquée tout de suite alors que c'est ce qui nous rapprochait mais en même temps ce qui nous avait séparé ? Ah la la, on s'en pose parfois des questions, surtout parce que je ne voulais pas commettre d'impairs. Avec le temps, j'ai appris que les communications qui reposent sur l'écrit recèlent parfois de maladresses qui sont plus blessantes qu'un affront verbal, alors que le but et les mots n'avaient vraiment pas pour objet d'en arriver là. Oui, il faut vraiment et surtout faire très attention à ce que l'on écrit et comment on l'écrit.
Ces précautions d'usage en tête, une balade d'une journée m'a convaincu d'une chose : ma réponse ne serait pas ce qu'il "fallait" faire. Après tout, qu'en avais-je à faire de ce qu'il fallait faire, des convenances ou du savoir-être que l'on n'enseigne guère plus d'ailleurs dans ce genre de circonstances assez exceptionnelles ? Et puis, comme souvent, je fais confiance à mon instinct et à l'intelligence de celui ou celle à qui j'écris. Parfois, il m'est arrivé d'être très déçu, c'est le jeu.
Ainsi donc, j'ai répondu ... J'ai pris le ton le plus naturel [et donc vaguement charmeur] qui est le mien et j'ai fait comme si nous ne nous étions pas parlés depuis la semaine passée. Quand un problème est de nature à m'embarasser, la meilleure façon de le dégonfler est finalement de dénaturer sa nature de problème. 18 ans qu'on ne s'était pas parlés ? Et alors ?
J'ai donc raconté que j'étais actuellement en vacances, que je voyais de bien jolies choses, que j'étais content d'avoir reçu son message, que moi ça allait. En substance, j'ai tracé rapidement quelques lignes de ma vie d'aujourd'hui, de façon assez sibylline pour appâter le chaland ... Si elle avait envie de me répondre, elle avait les moyens de me demander d'éclaircir ces litotes ou ces formules un peu rapides qui en disent beaucoup sans pour autant éclairer totalement ... ce côté gris que j'aime toujours manier en agaçant ceux qui aimeraient tant que je sois plus simple et que j'en dise davantage. Ah oui mais non, je ne suis pas fait de ce bois là et me livrer est toujours quelque chose d'assez particulier qui requiert que cela se mérite. Ma prétention légendaire et la haute opinion que j'ai de moi-même ne sauraient être foulées au pied comme un vulgaire masque dont je me départirais facilement, comme une ligne de défense en cartes à jouer qui s'effondrerait en claquant des doigts ...
Pour autant, mon souci [et c'est finalement là que j'ai calculé ma réponse]était de na pas paraître trop lointain, inaccessible voire ouvertement suffisant. Outre que je ne le suis pas [même s'il n'est pas impossible que cela puisse apparaître ainsi], je n'avais pas envie de le paraître. J'ai donc fait redoutablement attention ...
Ma réponse expédiée, elle fut honorée le lendemain d'une réponse, à laquelle j'ai apporté une réponse, qui en appela une autre et ainsi de suite : ma petite cousine était devenue, sans crier gare, ma correspondante quotidienne de vacances et notre proximité ainsi installée assez facilement autorisait alors que des questions plus précises et à enjeux soient désormais posées. Il allait falloir que je m'en ouvre auprès de Zolimari et que je fasse un sérieux exercice de mémoire pour combler un puzzle dont je m'étais douté, au moment où je lui avais répondu la première fois, qu'il serait au programme ...
To be continued
LUNDI PROCHAIN : Nouvel épisode de "la Bouteille à la mer"